Site icon Michaël Val, Ostéopathe D.O. à Brunoy

Traité complet de l’anatomie de l’homme gratuit

Traité complet de l'anatomie de l'homme

Pour un ostéopathe, l’Anatomie est une matière fondamentale. Je suis toujours à la recherche de livre d’Anatomie, récents comme anciens pour compléter mon savoir. En effet, chaque auteur choisit de mettre en valeur certaines notions, d’en synthétiser d’autres ou de ne pas évoquer des savoirs qu’il juge inutiles. Les nouvelles éditions d’un même ouvrage sont parfois amputées de parties jugées comme non pertinentes dans l’enseignement de l’anatomie moderne. Parfois à raison, parfois à tort comme quand cela concerne le système nerveux neurovégétatif, qui a été un peu mis entre parenthèses au cours du XXe siècle, mais qui commence petit à petit à retrouver la place qui lui revient. J’ai trouvé au cours de mes recherches, le Traité complet de l’anatomie de l’Homme de Bourgery, numérisé par la Bibliothèque interuniversitaire de santé. Vous pouvez retrouver ici une édition de 1866-1867 de cet ouvrage sous licence libre en format pdf.

Anatomie grand format

Pour présenter cet ouvrage de Jean-Baptiste Bourgery, je citerai Philippe Le Bas :

« Qu’il nous suffise de dire ici que l’ouvrage de M. Bourgery est un des plus beaux dont se glorifiera notre siècle. À tous les faits que pouvaient lui révéler les connaissances historiques les plus approfondies, l’auteur y joint des découvertes qui lui sont propres ; et il a eu le talent de ramener l’attention des anatomistes sur des particularités entrevues par d’anciens auteurs, mais oubliées, ou même rejetées, par des observateurs moins attentifs que lui. »

Bourgery a su s’entourer de Nicolas Henri Jacob (élève de David) pour la lithographie, Ludovic Hirschfeld et Claude Bernard, comme collaborateur. Du beau monde, pour un bel ouvrage illustré de 725 planches (3750 figures individuelles) réparties en 8 volumes. Les tomes I à V sont destinés à l’Anatomie Descriptive et Physiologique, les tomes de VI à VII à l’Anatomie chirurgicale et à la médecine opératoire et le VIII à l’Embryogénie à l’Anatomie Philosophique et Microscopique.

L’ouvrage est extrêmement intéressant pour ses planches anatomiques qui prennent toute la page, permettant une représentation fine des structures concernées ou de différents plans. Parfois poussé à l’extrême comme la planche 100 du volume 3, qui nécessite 4 pages de légendes pour représenter l’ensemble du système sympathique ainsi que du nerf vague. Dommage d’ailleurs que la version numérisée de cette planche n’est pas une résolution supérieure pour pouvoir lire les numéros des légendes.

Les volumes sur l’Anatomie chirurgicale permettent surtout de constater l’évolution des technicités et des outillages par rapport à la chirurgie contemporaine. Le dernier Tome est intéressant pour l’Anatomie comparée du système nerveux du règne animal. Il faut évidemment replacer les notions abordées dans le contexte de l’époque. On reviendra vite au Marieb pour des connaissances physiologiques actuelles.

L’évolution d’un ouvrage et de son auteur

Autre partie intéressante, le Discours préliminaire de l’auteur au début de chaque grande partie, permet de suivre sa réflexion sur l’anatomie, son enseignement, son histoire, la distinction des besoins entre un médecin et un chirurgien, etc…

Nous pouvons observer l’évolution de pensée de Bourgery à travers ses 20 ans d’écriture. Par exemple, lorsqu’il expose le plan de sa future œuvre, il souhaite dans son dernier tome déduire  » pour les races comme pour les individus, leurs nuances diverses de supériorités ou d’infériorités relatives…  » . Dans les années 1830, lors de l’écriture de ces lignes, les pseudo-théories sur l’angle facial et la phrénologie ont malheureusement le vent en poupe chez certains médecins. Heureusement 20 plus tard dans le dernier tome, nulle mention de cette partie.

Paragraphe qui devrait faire sourire les enseignants et étudiants d’aujourd’hui : Nomenclature et Synonymies.

« Nous donnerons au moins, pour chaque objet, les nomenclatures partielles de MM. Dumas, Duméril, Chaussier, Sarlandière ; nous y joindrons les diverses synonymies, même celles qui appartiennent aux langues vivantes, les plus répandues… »

De quoi ringardiser l’effort d’apprentissage de l’ancienne et nouvelle nomenclature !

Nous découvrons également un auteur déçu du manque de reconnaissance de son travail :

« Depuis vingt ans que je travaille sans relâche, je n’ai pas à me reprocher de ne m’être point aidé moi-même. J’ai fait tout ce qui était honorable pour arriver à quelque chose. Je me suis produit partout où je l’ai pu. Mais c’est en vain. J’ai vu passer tout le monde devant moi, et ceux qui avaient quelques droits et surtout ceux qui n’en avaient pas. Ayant tant à dire sur une science que j’avais tant travaillée, il me semblait qu’il devait y avoir une place pour moi quelque part : mais non. Académies, Facultés, Collèges de haut enseignement, je me suis présenté partout : partout il y en avait toujours d’autre à produire… »

Il décédera la même année du choléra. Claude Bernard complétera l’ouvrage de son ami par la suite.

Si vous aimez les ouvrages d’anatomies anciens, vous pouvez regarder cet article sur l’Anatomie au temps des Lumières.

Quitter la version mobile